Résumé :
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La Folie prononce un discours à la première personne où elle s'amuse, avec force paradoxes et moqueries apparemment bienveillantes, à souligner la sottise à l'oeuvre dans la plupart des institutions, tant laïques que religieuses. Ce faisant, elle ne répugne pas à forcer irrévérencieusement le trait jusqu'à la caricature. Elle met en valeur son rôle central dans la marche du monde: inspiratrice de l'humanité et dispensatrice de bonheur, sa fantaisie génère le comportement insensé de pans entiers de la société. Sous l'ironie spirituelle de la Folie perce parfois l'amertume de l'auteur, et toute la première partie du livre, de loin la plus longue, se lit comme une attaque en règle contre les penseurs et les théologiens, ou encore les militaires et les religieux en général, mais aussi et surtout les princes et les papes. Érasme fustige avec une causticité, mâtinée d'une érudition immense, leurs travers: fastes excessifs, violence aveugle, intolérance, arrogance, ignorance ou grossièreté. Contre l'impiété qui gangrène les âmes, il cherche en fait à confronter le lecteur au message évangélique authentique; c'est là l'objet de la seconde partie, beaucoup plus brève et souvent incomprise, de l'oeuvre. La Folie y retrouve dans le mystère de la croix la voie de la sagesse; de terrestre, voire mondaine, elle se fait au contraire mystique, portée par la foi et l'espérance dans la volonté divine.
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