Résumé :
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Une jeune femme, haut fonctionnaire dans un ministère, rencontre un immigré clandestin dans un train_ et c'est l'étincelle, le révélateur qui va bouleverser ses certitudes et remettre sa vie en question. Eliette Abécassis a volontiers confié que le personnage principal de son roman pourrait bien être le temps. Elle le décrit à merveille, c'est vrai. Entre un souffle, une hâte, une pause. Il file dans le train, s'arrête dans la gare, s'étiole dans l'exil, se précipite dans la carrière d'Etat. Il y a aussi quelques figures de travellings sur le quai qui donnent à ces séquences un mouvement généreux. Quel dommage que la fadeur des personnages et le côté caricatural de leur traits gâte un propos qui aurait pu porter du sens. Celui des bannis de Sangatte, de cette inexorable lutte des peuples, cette inégalité des chances. Mais les personnages sont trop globaux. Un "il" ombrageux comme un Slave, la trop parfaite image de l'exilé, lisse. Une femme froide, belle et carriériste, évidemment en proie au machisme des hautes sphères, somnambule dans sa vie, volontaire en préfecture, vélleitaire de cour. Ils incarnent sans doute le désir un peu ambitieux mais échoué d'Abécassis de toucher l'universel, en ne traitant que des silhouettes_ L'écriture reprend ici les atouts des styles de Mon père et de La répudiée, cousus de concision, riches d'ellipses et d'images. Parfois, cependant, l'on se demande si Eliette Abécassis n'a pas écrit ce Clandestin comme on s'aère l'esprit. Probablement une parenthèse avant son prochain roman qui s'inscrira dans l'autre veine de son ouvre. Car ce futur ouvrage se rattachera à Qumran et L'or et la cendre. La jeune auteure théologienne nous replongera dans l'univers de ses thrillers fleuves super-documentés dont elle seule a le secret. En attendant, tant pis si ce Clandestin se retrouve exilé... au fond des rayons de nos bibliothèques ! Source :http://www.avoir-alire.com/spip/article.php3?id_article=3501
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